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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 14:34

~~LA TECHNIQUE TRANSFORME-T-ELLE REELLEMENT L’HOMME ? INTRODUCTION. La technique désigne la capacité dont dispose l’homme à créer des outils lui permettant d’agir sur la nature et de la modifier avec une grande efficacité. Ainsi, la technique est créée par l’homme et utilisée par lui. En ce sens, il peut paraître paradoxal de dire qu’elle pourrait modifier l’homme, c'est-à-dire agir en retour sur celui-là même qui la produit et détermine son usage. Pourtant, en étant l’outil de transformation de la nature et de création de la culture, la technique n’a-t-elle pas modifié les conditions concrètes d’existence de l’homme, parfois même son aspect physique (l’évolution anatomique l’homme étant par exemple liée à l’amélioration de l’alimentation elle-même conséquence d’une agriculture plus performante qui permet de mieux exploiter la nature) ? Dès lors, ne peut-on pas dire qu’elle transforme réellement l’homme en cela que l’homme n’est véritablement et concrètement plus le même et ce en raison des transformations rendues possibles par la technique ? Toutefois, transformer ce n’est pas seulement modifier, c’est aussi faire changer de nature. Or, la technique a-t-elle ce pouvoir ? A-t-elle réellement transformé l’homme, c'est-à-dire a-t-elle provoqué un changement de nature et pas seulement d’aspect, un changement réel et pas seulement superficiel ? Il semble en effet que les progrès techniques n’aient, en rien, nécessairement pour corollaire une évolution, un progrès moral de l’homme. Dans le même temps, il est difficile de penser qu’il y aurait une continuité totale de la préhistoire à nos jours. Les changements de degré, subis sur cette période, ne deviennent-ils pas un changement de nature ? Pire, la technique ne peut-elle pas dénaturer l’homme ? C’est pourquoi nous nous demandons si la technique transforme réellement l’homme. En effet, n’est-elle qu’un outil que l’homme maîtrise et qui ne saurait donc en rien agir en retour sur lui ou produit-elle chez l’homme changements et modifications, si oui de quelle nature ? Nous verrons dans un premier temps que la technique est l’outil de la culture et donc de transformation des conditions concrètes d’existence de l’homme. Pour autant, la technique n’est-elle pas la nature de l’homme ? Mais ne l’amène-t-elle pas toutefois à changer de nature, voire à se dénaturer ? PROPOSITION DE PLAN. I. La technique transforme réellement l’homme : c’est une transformation concrète. A. La technique, c’est la capacité dont dispose l’homme à fabriquer des outils. Cette capacité, proprement humaine, lui permet de modifier et transformer la nature – l’outil étant défini par son pouvoir, son efficacité physiques. Référence possible : Alain. B. Cette efficacité de l’outil et de la technique n’est possible que parce que la technique a comme préalable nécessaire la science, la connaissance de la nature, qui permet à l’homme de la maîtriser, d’agir sur elle, de la transformer. Référence possible : Descartes ou Aristote. C. Ainsi, la technique transforme réellement l’homme puisqu’elle transforme ses conditions concrètes et donc réelles d’existence en créant pour l’homme un monde à son image, un monde humain : la culture. « La vie humaine comme telle requiert un monde dans l’exacte mesure où elle a besoin d’une maison sur la terre pour la durée de son séjour ici. Certes, tout aménagement que font les hommes pour se pourvoir d’un abri et mettre un toit sur leur tête – même les tentes des tribus nomades – peut servir de maison sur la terre pour ceux qui se trouvent en vie à ce moment-là. Mais cela n’implique en aucun cas que de tels aménagements engendrent une culture. Cette maison terrestre ne devient un monde, au sens propre du terme, que lorsque la totalité des objets fabriqués est organisée au point de résister au procès de consommation nécessaire à la vie des gens qui y demeurent, et ainsi, de leur survivre. C’est seulement là où une telle subsistance est assurée que nous parlons de culture (…). » (Hannah Arendt – La crise de la culture, chap.6). Transition : Donc la technique transforme réellement l’homme, puisque concrètement, matérielle, elle modifie ses conditions d’existence. Mais cette transformation est-elle uniquement extérieure, en surface ? Une transformation réelle, n’est-ce pas un changement de nature, en profondeur et pas une simple modification superficielle ? II. La technique est la nature de l’homme – pas de transformation réelle mais une simple évolution. A. La technique est le propre de l’homme. Elle n’appartient qu’à lui et peut en quelque sorte permettre de le définir. Références possibles : Bergson ou Platon (mythe de Prométhée). B. C’est non seulement le propre de l’homme mais sa nature : l’homme réalise sa nature raisonnable en transformant la nature (voire en se transformant lui-même extérieurement, physiquement). Références possibles : Hegel ou Kant. C. Donc, la technique étant la nature de l’homme, elle existe comme constante dans son histoire mais ne provoque pas de changement de nature de l’homme. La meilleure preuve en est que les progrès techniques ne s’accompagnent pas de progrès moral. A travers les changements extérieurs provoqués par la technique, l’homme lui-même reste identique. Référence possible : textes d’Einstein : « La découverte des réactions atomiques en chaîne ne constitue pas pour l’humanité un danger plus grand que l’invention des allumettes. Mais nous devons tout entreprendre pour supprimer le mauvais usage du moyen. Dans l’état actuel de la technologie, seule une organisation supra-nationale peut nous protéger, si elle dispose d’un pouvoir exécutif suffisant. Quand nous aurons reconnu cette évidence, nous trouverons alors la force d’accomplir les sacrifices nécessaires pour la sauvegarde du genre humain. Chacun de nous serait coupable si l’objectif n’était pas atteint à temps. Le danger consiste en ce que chacun, sans rien faire, attende qu’on agisse pour lui. Tout individu, avec des connaissances limitées ou même avec des connaissances superficielles fondées sur l’environnement technique, se sent tenu d’éprouver du respect pour les progrès scientifiques réalisés pendant notre siècle. On ne risque pas de trop exalter les réalisations scientifiques contemporaines, si on garde présents à l’esprit les problèmes fondamentaux de la science. Même chose que pendant un voyage en chemin de fer ! Observe-t-on le proche paysage, le train nous semble s’envoler. Mais observe-t-on les grands espaces et les grandes cimes, le paysage ne change que lentement. Il en est de même quand on réfléchit aux grands problèmes de la science. Il est sans intérêt à mon sens de discuter sur "our way of life" ou sur celle des Russes. Dans les deux cas un ensemble de traditions et de coutumes ne constitue pas un ensemble très structuré. Il est beaucoup plus intelligent de s’interroger pour connaître les institutions et les traditions utiles ou nuisibles aux hommes, bénéfiques ou maléfiques pour leur destin. Il faut alors tenter d’utiliser ainsi le meilleur désormais reconnu, sans se préoccuper de savoir si on le réalise actuellement chez nous ou ailleurs. » Transition : Ainsi, la technique ne transforme pas réellement l’homme, certes elle est cause d’une évolution de ses conditions d’existence, mais pas d’un véritable changement de nature puisqu’au contraire la nature de l’homme, c’est la technique, la culture. Pourtant, même si l’évolution se fait de manière continue, est-ce que cela signifie qu’il est impossible qu’il y ait un changement de nature ? Les changements de degré ne peuvent-ils pas devenir des changements de nature ? Les changements quantitatifs ne peuvent-ils pas devenir des changements qualitatifs ? III. Dénaturation de l’homme par la technique. A. La puissance de la technique et la manière dont elle modifie la place de l’homme au sein de la nature fait changer celui-ci de statut : d’hôte qu’il était comme tout être naturel, il devient parasite. Référence possible : Serres. B. Cela a des conséquences sur l’homme lui-même : par ces modifications, il se dénature. Marx (aliénation par la technique dans le travail) ou Rousseau (la civilisation est source de dénaturation – Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes). C. Cela est possible parce que la technique est devenu tellement performante que nous n’en maîtrisons plus les effets, c'est-à-dire que nous ne pouvons même pas les prévoir et donc inscrire l’utilisation de ces techniques dans un projet que nous contrôlerions. En échappant ainsi à notre capacité à prévoir, la technique n’est plus seulement un outil à notre service mais se trouve dotée en quelque sorte d’une certaine autonomie qui explique qu’elle puisse agir sur nous en retour. « La caractéristique commune, éthiquement importante, dans tous les exemples cités est ce que vous pouvons appeler le trait « utopique » ou sa dérive utopique qui habite notre agir sous les conditions de la technique moderne – que celui-ci déploie ses effets sur la nature humaine ou non humaine ou que l’ « utopie » soit finalement planifiée ou non planifiée. Par le type et la simple grandeur de ses effets boule de neige le pouvoir technologique nous pousse en avant vers des buts du même type de ceux qui formaient autrefois la réserve des utopies. Pour l’exprimer autrement : ce qui n’était que jeux hypothétiques et peut-être éclairants de la raison spéculative, le pouvoir technologique les a transformés en des esquisses concurrentes de projets exécutables et, en faisant notre choix, nous devons choisir entre les extrêmes d’effets lointains et en grande partie inconnus. L’unique chose que nous puissions réellement savoir à leur sujet est leur extrémisme en tant que tel, qu’ils concernent la situation globale de la nature sur notre planète ou l’espèce des créatures qui doivent ou ne doivent pas la peupler. L’extension inévitablement « utopique » de la technologie moderne fait que la distance salutaire entre desseins quotidiens et desseins ultimes, entre des occasions d’exercer l’intelligence ordinaire et des occasions d’exercer une sagesse éclairée, se rétrécit en permanence. Etant donné que nous vivons aujourd’hui en permanence à l’ombre d’un utopisme non voulu, automatique, faisant partie de notre mode de fonctionnement, nous sommes perpétuellement confrontés à des perspectives finales dont le choix positif exige une suprême sagesse – une situation impossible pour l’homme comme tel, parce qu’il ne possède pas cette sagesse, et en particulier impossible pour l’homme contemporain, qui nie l’existence même de son objet, à savoir l’existence d’une valeur absolue et d’une vérité objective. La sagesse nous est le plus nécessaire précisément alors que nous y croyons le moins. » (Jonas – Le principe responsabilité) CONCLUSION. La technique n’est qu’un outil. Si elle modifie donc les conditions concrètes d’existence de l’homme, elle ne le transforme pas réellement, ne change pas sa nature puisque – au contraire – elle appartient à la nature de l’homme. Cependant, par la puissance qu’elle acquiert, elle fait entrer l’homme dans une nouvelle ère : celle où les effets même de la technique, échappant à toute forme de prévision rationnelle, peuvent agir en retour sur lui jusqu’à modifier sa nature.

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