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6 novembre 2014 4 06 /11 /novembre /2014 13:25

Que gagne-t-on en travaillant ?

 

Eléments de problématisation :

La réponse à cette question semble aller de soi : on gagne sa vie à travailler (comme l’indique l’expression, « gagner sa vie »), par l’intermédiaire du salaire qui nous est versé en échange du travail fourni. Dans le sens d’emploi, le travail désigne l’activité exercée pour obtenir les moyens nécessaires à sa subsistance, dont l’homme ne dispose pas immédiatement. En ce sens d’ailleurs, le travail va au-delà du strict domaine de l’emploi pour prendre celui de labeur. L’agriculteur qui cultive sa terre et vit des produits de son exploitation travaille également pour assurer sa subsistance. Pourtant ce bénéfice est mis en question par le sujet. En posant la question ainsi, on sous-entend en effet qu’on ne saurait dire facilement ce que le travail apporte, ni même s’il rapporte quelque chose. Ainsi, la notion de labeur renvoie à la pénibilité du travail. Or, cette pénibilité n’implique-t-elle pas que le travail constitue davantage une contrainte (nous n’avons finalement pas d’autre choix que de travailler pour vivre) qu’une activité dont nous sortirions gagnants ?

Les débats de notre temps sur la « valeur » du travail, entre valorisation de celui-ci et organisation de davantage de temps libre, montrent que le travail est fondamentalement ambivalent. Il semble constituer une activité nécessaire à la réalisation de l’homme. Ne pas travailler, au-delà de la question de l’emploi, c’est ne rien faire et cela semble constituer un obstacle à la réalisation de soi. Dans le même temps, le travail est une activité pénible physiquement et son organisation sociale en fait souvent un poids. C’est pourquoi la question se pose de savoir quel est exactement le bénéfice tiré du travail, au sens strict d’emploi et au sens plus large d’activité productrice.

 

Le travail est-il une activité utile voire nécessaire dont on retirerait un gain (notre vie ou notre humanité) ou au contraire une activité nuisible ou neutre dont on ne tire rien (on ne gagne rien à travailler) voire dont on sort perdant (entreprise de déshumanisation)

 

I. Nous gagnons notre vie en travaillant.

 

Le travail se présente sans doute d’abord sous sa forme salariée : on pense spontanément à l’emploi. Le gain de celui-ci semble relativement facile à mesurer puisqu’il prend la forme quantifiable du salaire. De là, plusieurs conséquences peuvent être tirées.

  • D’abord, l’expression gagner sa vie peut être entendue en son sens le plus littéral. Le salaire ne constitue pas de l’argent de poche. Il représente d’abord la somme qui nous est nécessaire pour vivre. Il est ce qui nous permet de nous loger, nous nourrir, nous vêtir. Le travail est donc lié à la vie. Nous travaillons car ce dont nous avons besoin pour satisfaire les besoins liés à la survie ne nous est pas donné immédiatement, nous devons le produire et c’est à cela que sert le travail. Voir par exemple Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne.

  • Mais le salaire n’est pas un don. Il ne fait que compenser l’énergie et le temps dépensés pour travailler. Au final, l’opération est donc nulle : ce que je gagne (mon salaire) est reçu en échange de ce que je donne (mon temps, mon énergie, ma santé parfois). Il s’agit d’un échange, que Marx dans le Capital, qualifie même d’équitable juridiquement. Or un échange parfait, au sens strict, suppose une égalité absolue entre les deux biens échangés, sans perte ni profit. Je ne gagne donc rien en travaillant puisque ce que je reçois n’est en réalité qu’une compensation de ce que j’ai donné, pas un gain au sens strict.

  • Cela est d’autant plus vrai que le salaire « gagné » doit être immédiatement utilisé. En effet, nous ne produisons pas seuls ce qui est nécessaire à notre survie. Par mon travail, je ne peux imaginer produire tout ce qui est nécessaire pour combler mes besoins. Je suis aussi dépendante du travail des autres qui complète le mien. Ainsi, le travail comme activité productrice s’insère dans la sphère économique des échanges. Ce qui est ainsi produit et gagné est donc immédiatement réinvesti pour obtenir du travail des autres ce dont nous avons besoin pour vivre. Ainsi, l’opération est nulle. Aussitôt gagné, mon salaire est dépensé pour assurer ma survie. Voir par exemple Platon, La République sur la spécialisation et la division du travail.

 

Donc, si nous gagnons notre vie en travaillant, nous y perdons aussi quelque chose (du temps, de l'énergie) si bien qu'au final nous ne gagnons rien à travailler car ce qui est gagné est immédiatement réinvesti ou ne sert qu'à compenser ce qui a été par ailleurs perdu. Or, précisément parce que le travail est cette activité liée à la vie, est-ce que ce n'est pas une activité dans laquelle nous avons tout à perdre ? En travaillant, ne sommes-nous pas ramenés à ce que notre vie à d’animal, de contrainte par les besoins purement physiques et naturels ?

 

II. Nous perdons tout en travaillant.

 

S’il y a un échange entre mon travail et le salaire qui m’est versé, nous pouvons nous interroger sur les termes de cet échange. Ne risque-t-il pas, en effet, d’y avoir un déséquilibre entre l’activité produite par le travailleur et sa compensation ? Ce que nous perdons en travaillant n’est-il pas plus important que ce que nous recevons en échange de cette activité ?

 

  • Le travail est une nécessité vitale, nous l’avons dit. Or, le lien entre travail et vie implique que le travail constitue une contrainte. Sous sa forme générale de labeur, nous n’avons d’autre choix que de travailler. En tant qu’humanité en général, nous ne pouvons survivre qu’en extrayant de nos forces, « à la sueur de notre front », de quoi vivre d’une nature qui ne nous donne pas ce dont nous avons besoin spontanément. Le labeur nous renvoie donc aux nécessités biologiques et, en cela, il semble constituer un processus de déshumanisation dans lequel le travailleur perd tout ou partie de sa dignité d’homme. D’où l’association biblique entre travail et malédiction et, plus généralement, la connotation négative du travail.

  • Au-delà de cette connotation négative, le travail est une perte car si c’est, comme nous l’avons vu, un échange, cet échange n’est pas équilibré. Ce que je donne (mon temps qui pourrait être utilisé pour autre chose et mon énergie vitale, c’est-à-dire dans le fond ma personne toute entière) a en réalité bien plus de valeur que ce que je gagne. Voir Marx¸ Le Capital, sur le travail comme aliénation et déshumanisation du travailleur.

  • Cette perte n’est d’ailleurs pas seulement une perte pour nous (nous y perdons humanité et dignité) mais aussi pour la nature qui subit les effets négatifs de notre travail. Le travail est une confrontation avec la nature pour la transformer et la dominer et dans ce processus nous risquons de perdre ce que la nature a d’harmonieux en la défigurant et la déréglant. Voir par exemple Rousseau, Second Discours. Serres, Contrat naturel.

 

Donc, le travail est une activité aliénante dans laquelle nous risquons de perdre plus que nous ne gagnons car l’échange que constitue la relation de travail tend à se déséquilibrer au désavantage du travailleur qui n’a d’autre choix pourtant que de travailler pour vivre.

Mais, est-ce à dire qu'il ne faut pas travailler (ni comme emploi, ni comme activité de transformation de la nature)? L'homme n'a-t-il pas plus à perdre dans l'oisiveté? Le travail est en effet aussi l'effort que nous produisons pour nous élever au-dessus de notre condition initiale, c’est une activité productrice. Ne nous réalisons pas nous-mêmes en réalisant quelque chose par le travail ?

 

III. Nous gagnons notre humanité en travaillant.

 

Le travail est un processus, ce n’est jamais instantané, ni immédiat : travailler suppose toujours une certaine durée, comme l’indique d’ailleurs l’expression « en travaillant » du sujet. Ce processus est un processus de réalisation. Dans son sens large, le travail est une activité productrice, au terme de laquelle une œuvre est réalisée. N’est-ce pas dans cette activité productrice que l’homme peut se réaliser personnellement et s’élever au-dessus de sa condition animale ?

 

  • Le travail n'est pas une malédiction mais une chance qui sort l'homme de sa paresse naturelle qui l'aurait condamné à une oisiveté, à un ennui et à une animalité éternelles. Voir par exemple Kant, Réflexions sur l'éducation où Kant renverse le mythe biblique d’Adam et Eve, faisant de la malédiction qu’ils connaissent une bénédiction.

  • En effet, le travail est le moyen par lequel l'homme se libère de la nature et affirme et réalise son humanité comme esprit. Voir par exemple Hegel, Esthétique.

  • Le travail salarié ne fait pas exception à cette dimension positive du travail. Aussi aliéné soit-il par l’organisation sociale du travail, le salarié se réalise dans ce qu’il produit. Voir Sartre, L'Être et le néant. Il pouvait toutefois être judicieux de nuancer le propos en fonction des types d'emploi. Voir par exemple Méda, Le travail, une valeur en voie de disparition.

 

Conclusion générale : En travaillant et en produisant une œuvre, l’homme se réalise personnellement et réalise son humanité. Toutefois, pour que cette réalisation soit complète, il importe que l’organisation sociale du travail veille à limiter l’aliénation que l’emploi peut faire subir au travailleur.

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17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 10:55

I. On peut se mettre à la place d'autrui parce qu'on est capable de le comprendre parce que nous partageons une même nature humaine.

 

I.A. La pitié, l'empathie est un sentiment naturelle qui consiste précisément à se mettre à la place d'autrui. Rousseau, Second discours.

 

I.B. Nous appartenons, avec l'autre, à une même communauté, nous avons avec lui une proximité qui nous permet de comprendre l'autre. Se mettre à la place d'autrui est un devoir, condition de la morale. Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs.

 

I.C. Je peux même d'une certaine manière comprendre autrui mieux qu'il ne peut se comprendre : Freud, Sartre.

 

II. Mais on ne peut pas se mettre à la place d'autrui car même si on le comprend on n'est pas autrui et donc il est impossible de vivre ce qu'il vit exactement comme il l'expérimente.

 

II.A. Le langage nous permet de comprendre l'autre mais pas de partager sa subjectivité car c'est un outil trop général. Bergson, Le rire.

 

II.B. Donc on reste à l'extérieur de sa subjectivité qui fait son identité, on n'a d'autrui qu'une connaissance par analogie qui est extérieure et ne nous permet justement pas de nous mettre à la place de l'autre c'est-à-dire dans sa subjectivité. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception. Hume. Car notre identité n'est pas une substance. Locke - identité personnelle se situe dans la conscience.  Il est difficile de connaître quelqu'un, de le comprendre car il y a une part d'irrationnalité dans ce que nous sommes. Freud 

 

II.C. Cette difficulté est d'autant plus nette si nous sommes tenus à distance d'autrui par des différences culturelles qui nous opposent. Levi-Strauss, Race et histoire.

 

III. Mais on peut se mettre à la place d'autrui grâce à des outils spécifiques, des modes de communications particuliers qui nous permettent de prendre connaissance de l'autre et de réduire la distance qui nous sépare.

 

III.A. La différence culturelle peut être dépassée grâce à la connaissance, à l'ouverture aux autres cultures par l'éthnologie par exemple. Lévi-Strauss, Tristes tropiques.

 

III.B. D'une manière générale, c'est par le dialogue que je peux véritablement rencontrer l'autre et me mettre à sa place car nous ne formons alors plus qu'un et sommes interchangeables. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception.

 

III.C. L'art est l'outil unique qui nous permet de nous mettre à la place de l'autre, dans sa subjectivité, de voir véritablement le monde comme l'autre le perçoit et l'expérimente. Proust, Le temps retrouvé.

 

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 13:00

PHILOSOPHIE – Melle N’DIAYE

TS2/3 - DS N°2

COMMENTAIRE DE TEXTE

 

 

Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux. En effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l'objet même ; rien n'embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu'on voit ; l'imagination ne pare plus rien de ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité, et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas. [...]

Vivre sans peine n'est pas un état d'homme ; vivre ainsi c'est être mort. Celui qui pourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir de désirer ; toute autre privation serait plus supportable.

 

Jean-Jacques ROUSSEAU, La Nouvelle Héloïse, 1761.

 

 

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

 

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 09:25

 

 

En fait l'élément libérateur de l'opprimé, c'est le travail. Certes il est commandé et prend d'abord figure d'asservissement du travailleur:il n'est pas vraisemblable que celui-ci, si on le lui eût imposé, eût choisi de faire ce travail dans ces conditions et dans ce laps de temps pour ce salaire.Plus rigoureux que le maître antique, le patron va jusqu'à déterminer à l'avance les gestes et les conduites du travailleur. Mais dans le même temps, le travail offre une amorce de libération concrète, parce qu'il est d'abord négation de l'ordre contingent et capricieux qu'est l'ordre du maître. Au travail, l'opprimé n'a plus le souci de plaire au maître, il échappe au monde de la danse, de la politesse, de la cérémonie, de la psychologie;il n'a pas à deviner ce qui se passe derrière les yeux du chef, il n'est plus à la merci d'une humeur: son travail, certes, lui est imposé à l'origine et on lui en vole finalement le produit. Mais entre ces deux limites, il lui confère la maîtrise sur les choses; le travailleur se saisit comme possibilité de faire varier à l'infini la forme d'un objet matériel en agissant sur lui selon certaines règles universelles. En d'autres termes, c'est le déterminisme de la matière qui lui offre la première image de sa liberté.


Sartre

 

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

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8 septembre 2014 1 08 /09 /septembre /2014 12:48

    Vivons-nous pour être heureux? 

 

 

« - Socrate : Rien de compliqué ; j’entends, comme le vulgaire, être tempérant et maître de soi et commander en soi aux plaisirs et aux passions.

- Calliclès : Que tu est plaisant ! Ce sont les imbéciles que tu appelles tempérants.

- S. : Comment cela ! qui ne voit que ce n’est pas d’eux que je parle ?

- C. : C’est deux très certainement, Socrate. Comment en effet un homme pourrait-il être heureux, s’il est esclave de quelqu’un. Mais voici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise, c’est que, pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l’accroissement possible, au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu’ils éclosent.

         Mais cela n’est pas, je suppose, à la portée du vulgaire. De là vient qu’il décrie les gens qui en sont capables, parce qu’il a honte de lui-même et veut cacher sa propre impuissance. Il dit que l’intempérance est une chose laide, essayant par là d’asservir ceux qui sont mieux doués par la nature, et, ne pouvant lui-même fournir à ses passions de quoi les contenter, il fait l’éloge de la tempérance et de la justice à cause de sa propre lâcheté. Car pour ceux qui ont eu la chance de naître fils de roi, ou que la nature a faits capables de conquérir un commandement, une tyrannie, une souveraineté, peut-il y avoir véritablement quelque chose de plus honteux et de plus funeste que la tempérance ? Tandis qu’il leur est loisible de jouir des biens de la vie sans que personne les en empêche, ils s’imposeraient eux-mêmes pour maîtres la loi, les propos, les censures de la foule ! Et comment ne seraient-ils pas malheureux du fait de cette prétendue beauté de la justice et de la tempérance (… ?). La vérité, que tu prétends chercher Socrate, la voici : le luxe, l’incontinence et la liberté, quand ils sont soutenus par la force constituent la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces belles idées, ces conventions contraires à la nature, ne sont que niaiseries et néant.

- S. : (…) Considère si tu ne pourrais assimiler chacune de ces deux vies, la tempérante et l’incontinente, au cas de deux hommes dont chacun posséderait de nombreux tonneaux, l’un des tonneaux en bon état et remplis, celui-ci de vin, celui-là de miel, un troisième de lait et beaucoup d’autres remplis d’autres liqueurs, toutes rares et coûteuses et acquises au prix de mille peines et de difficultés ; mais une fois ses tonneaux remplis, notre homme n’y verserait plus rien, ne s’en inquiéterait plus et serait tranquille à cet égard. L’autre aurait, comme le premier, des liqueurs qu’il pourrait se procurer, quoique avec peine, mais n’ayant que des tonneaux percés et fêlés, il serait forcé de les remplir jour et nuit sans relâche, sous peine des plus grand ennuis. Si tu admets que les deux vies sont pareilles au cas de ces deux hommes, est-ce que tu soutiendras que la vie de l’homme déréglé est plus heureuse que celle de l’homme réglé ? Mon allégorie t’amène-t-elle à reconnaître que la vie réglée vaut mieux que la vie déréglée, ou n’es-tu pas convaincu ? »

 

Platon – Gorgias

 

« (…) attaquer les passions à la racine, c’est attaquer la vie à la racine : la pratique de l’Eglise est hostile à la vie…

Le même moyen, couper, arracher, est instinctivement choisi, dans la lutte contre un désir, par ceux qui sont trop faibles de volonté, trop dégénérés pour garder la mesure dans la satisfaction de ce désir : par ces natures qui ont besoin de la trappe, au sens figuré (et au sens propre…), d’une déclaration de guerre à outrance, de mettre un abîme entre eux et une passion. Il faut être dégénéré pour avoir recours aux solutions radicales ; la faiblesse de la volonté, plus exactement l’incapacité à s’empêcher de réagir à une sollicitation, n’est elle-même qu’une forme de dégénérescence. L’hostilité radicale, à mort, envers la sensualité est un symptôme qui laisse songeur : il justifie qu’on s’interroge sur l’état général d’un être porté à ce point à l’excès. »

 

Nietzsche – Crépuscule des idoles ( §1 et 2)

 

 

« C’est un fait indiscutable que ceux qui connaissent également deux manières de vivre et qui sont également capables de les apprécier et d’en jouir donnent une préférence marquée pour celle qui emploie leurs facultés supérieures. Peu de créatures humaines consentiraient à être transformées en l’un des animaux les plus vils parce qu’on leur promettrait de leur allouer les plaisirs des bêtes ; aucun être humain intelligent ne consentirait à devenir imbécile, aucune personne instruite à devenir ignorante, aucune personne de cœur ou de conscience à devenir égoïste et vile, même s’ils étaient convaincus que l’imbécile, l’ignorant et le vaurien sont plus satisfaits de leur lot qu’eux du leur. Ils ne voudraient pas renoncer pas à ce qu’ils possèdent de plus qu’eux pour la plus complète satisfaction de tous les désirs qu’ils ont en commun avec eux. Si jamais ils imaginent qu’ils le voudraient, c’est seulement dans les situations de malheur si extrêmes que, pour y échapper, ils échangeraient leur lot contre n’importe lequel, même s’il leur paraît indésirable. Un être qui a des capacités supérieures exige plus qu’un être d’un type inférieur pour être heureux, il est probablement capable de souffrir de façon plus aiguë et il est certainement vulnérable sur plus de points. Mais, en dépit de ce handicap, jamais il ne saurait réellement souhaiter tomber dans ce qu’il sent être un degré plus bas d’existence. Nous pouvons bien donner à cette réticence l’explication que nous voulons ; nous pouvons l’attribuer à l’orgueil, nom qui est donné sans distinction à certains des plus estimables sentiments – et des moins estimables – dont l’humanité est capable ; nous pouvons la ramener à l’amour de la liberté et de l’indépendance personnelle auquel les stoïciens faisaient appel comme à l’un des moyens les plus efficaces pour inculquer cette réticence ; à l’amour du pouvoir ou des sensations fortes (excitement) qui entrent tous les deux pour une part dans cette réticence ou y contribuent. Mais l’appellation la plus appropriée, c’est le sens de la dignité que tous les êtres humains possèdent sous une forme ou sous une autre et que certains possèdent – mais le rapport n’est pas toujours rigoureux – à proportion de leurs facultés supérieures, sens qui est une part si essentielle du bonheur chez ceux chez qui il est intense que rien de ce qui s’y oppose ne pourrait autrement que de façon momentanée  être pour eux un objet de désir. Quiconque suppose que cette préférence est un sacrifice du bonheur, que l’être supérieur, dans des circonstances identiques, n’est pas plus heureux que l’être inférieur, confond deux idées très différentes, l’idée de bonheur (happiness) et l’idée de satisfaction (content). Indiscutablement, l’être dont les capacités de jouissance sont d’un niveau inférieur a les plus grandes chances de les voir pleinement satisfaites tandis qu’un être supérieurement doué sentira toujours que le bonheur qu’il recherche, vu la façon dont le monde est constitué, est imparfait. Mais il peut apprendre à supporter ces imperfections, pour peu qu’elles soient supportables et il ne sera pas jaloux d’un être qui, à vrai dire, est inconscient des imperfections parce qu’il ne sent pas tout le bien qu’elles donnent. Il vaut mieux être un homme insatisfait qu’un porc satisfait, il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait. Et, si l’imbécile et le porc sont d’opinions différentes, c’est seulement parce qu’ils ne connaissent qu’un côté de la question. L’autre partie, pour la comparaison, connaît les deux côtés. »

 

John Stuart Mill – L’utilitarisme

 

 

« Le fondement de la critique irréligieuse est : c’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. C’est-à-dire que la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu’a l’homme qui ne s’est pas encore atteint lui-même, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme, ce n’est pas une essence abstraite blottie quelque part hors du monde. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’Etat, la société. Cet Etat, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu’ils sont eux-mêmes un monde à l’envers. La religion est la théorie universelle de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, le fondement universel de sa consolation et de sa justification. Elle est la réalisation fantasmagorique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine ne possède pas de réalité véritable. Lutter contre la religion, c’est donc indirectement lutter contre le monde dont la religion est l’arôme spirituel.

La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, la chaleur d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple.

Abolir la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est exiger son bonheur réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l’auréole.

La critique a dépouillé les chaînes des fleurs imaginaires qui les recouvraient, non pour que l’homme porte des chaînes sans fantaisie, désespérantes, mais pour qu’il rejette les chaînes et cueille la fleur vivante. La critique de la religion détruit les illusions de l’homme pour qu’il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme désillusionné parvenu à l’âge de la raison, pour qu’il gravite autour de lui-même, c'est-à-dire de son soleil réel. La religion n’est que le soleil illusoire qui gravite autour de l’homme tant que l’homme ne gravite pas autour de lui-même.

C’est donc la tâche de l’histoire, après la disparition de l’Au-delà de la vérité, d’établir la vérité de ce monde-ci. C’est en premier lieu la tâche de la philosophie, qui est au service de l’histoire, une fois démasquée la forme sacrée de l’auto-aliénation de l’homme, de démasquer l’auto-aliénation dans ses formes non sacrées. La critique du ciel se transforme par là en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique.

 

Marx – Critique du droit politique hégélien

 

 

« Le gouvernement arbitraire d'un prince juste et éclairé est toujours mauvais. Ses vertus sont la plus dangeureuse et la plus sûre des séductions : elles accoutument insensiblement un peuple à aimer, à respecter, à servir son successeur, quel qu'il soit, méchant et stupide. Il enlève au peuple le droit de délibérer, de vouloir ou ne vouloir pas, de s'opposer même à sa volonté, lorsqu'il ordonne le bien ; cependant ce droit d'opposition, tout insensé qu'il est, est sacré: sans quoi les sujets ressemblent à un troupeau dont on méprise la réclamation, sous prétexte qu'on le conduit dans de gras pâturages. En gouvernant selon son bon plaisir, le tyran commet le plus grand des forfaits. Qu'est-ce qui caractérise le despote ? Est-ce la bonté ou la méchanceté ? Nullement. Ces deux notions n'entrent seulement pas dans sa définition. C'est l'étendue et non l'usage de l'autorité qu'il s'arroge. Un des plus grands malheurs qui pût arriver à une nation, ce seraient deux ou trois règnes d'une puissance juste, douce, éclairée, mais arbitraire : les peuples seraient conduits par le bonheur à l'oubli complet de leurs privilèges, au plus parfait esclavage. »

 

Diderot – Lettre à Helvétius

 

 

« Entre les désirs et leurs réalisations s’écoule toute la vie humaine. Le désir, de sa nature, est souffrance ; la satisfaction engendre bien vite la satiété ; le but était illusoire ; la possession lui enlève son attrait ; le désir renaît sous une forme nouvelle, et avec lui le besoin ; sinon, c’est le dégoût, le vide, l’ennui, ennemis plus rudes encore que le besoin. – Quand le désir et la satisfaction se suivent à des intervalles qui ne sont ni trop longs, ni trop courts, la souffrance, résultat commun de l’un et de l’autre, descend à son minimum ; et c’est là la plus heureuse vie. Car il est bien d’autres moments, qu’on nommerait les plus beaux de la vie, des joies qu’on appellerait les plus pures ; mais elles nous enlèvent au monde réel et nous transforment en spectateurs désintéressés de ce monde ; c’est la connaissance pure, pure de tout vouloir, la jouissance du beau, le vrai plaisir artistique ; encore ces joies, pour être senties, demandent-elles des aptitudes bien rares ; elles sont donc permises à bien peu, et, pour ceux-là même, elles sont comme un rêve qui passe ; au reste, ils les doivent, ces joies, à une intelligence supérieure, qui les rend accessibles à bien des douleurs inconnues du vulgaire plus grossier, et fait d’eux, en somme, des solitaires au milieu d’une foule toute différente d’eux ; ainsi se rétablit l’équilibre. Quant à la grande majorité des hommes, les joies de la pure intelligence leur sont interdites, le plaisir de la connaissance désintéressée les dépasse ; ils sont réduits au simple vouloir. »

 

Schopenhauer – Le monde comme volonté et comme représentation

 

 

« Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l’ordre du monde ; et plus généralement, de m’accoutumer à croire qu’il n’y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu’après que nous avons fait notre mieux, touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est, au regard de nous, absolument impossible. Et ceci me semblait être suffisant pour m’empêcher de rien désirer à l’avenir que je n’acquisse, et ainsi pour me rendre content. Car notre volonté ne se portant naturellement à désirer que les choses que notre entendement lui représente en quelque façon comme possibles, il est certain que si nous considérons tous les biens qui sont hors de nous comme également éloignés de notre pouvoir, nous n’aurons pas plus de regret de manquer de ceux qui semblent être dus à notre naissance, lorsque nous en serons privés sans notre faute, que nous avons de ne posséder pas les royaumes de la Chine ou du Mexique ; et que faisant, comme on dit, de nécessité vertu, nous ne désirerons pas davantage d’être sains, étant malades, ou d’être libres, étant en prison, que nous faisons maintenant d’avoir des corps d’une matière aussi peu corruptible que les diamants, ou des ailes pour voler comme les oiseaux. »

 

Descartes – Discours de la méthode (III).

 

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8 septembre 2014 1 08 /09 /septembre /2014 12:46

Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

 

 

« - Socrate : Rien de compliqué ; j’entends, comme le vulgaire, être tempérant et maître de soi et commander en soi aux plaisirs et aux passions.

- Calliclès : Que tu est plaisant ! Ce sont les imbéciles que tu appelles tempérants.

- S. : Comment cela ! qui ne voit que ce n’est pas d’eux que je parle ?

- C. : C’est deux très certainement, Socrate. Comment en effet un homme pourrait-il être heureux, s’il est esclave de quelqu’un. Mais voici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise, c’est que, pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l’accroissement possible, au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu’ils éclosent.

          Mais cela n’est pas, je suppose, à la portée du vulgaire. De là vient qu’il décrie les gens qui en sont capables, parce qu’il a honte de lui-même et veut cacher sa propre impuissance. Il dit que l’intempérance est une chose laide, essayant par là d’asservir ceux qui sont mieux doués par la nature, et, ne pouvant lui-même fournir à ses passions de quoi les contenter, il fait l’éloge de la tempérance et de la justice à cause de sa propre lâcheté. Car pour ceux qui ont eu la chance de naître fils de roi, ou que la nature a faits capables de conquérir un commandement, une tyrannie, une souveraineté, peut-il y avoir véritablement quelque chose de plus honteux et de plus funeste que la tempérance ? Tandis qu’il leur est loisible de jouir des biens de la vie sans que personne les en empêche, ils s’imposeraient eux-mêmes pour maîtres la loi, les propos, les censures de la foule ! Et comment ne seraient-ils pas malheureux du fait de cette prétendue beauté de la justice et de la tempérance (… ?). La vérité, que tu prétends chercher Socrate, la voici : le luxe, l’incontinence et la liberté, quand ils sont soutenus par la force constituent la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces belles idées, ces conventions contraires à la nature, ne sont que niaiseries et néant.

- S. : (…) Considère si tu ne pourrais assimiler chacune de ces deux vies, la tempérante et l’incontinente, au cas de deux hommes dont chacun posséderait de nombreux tonneaux, l’un des tonneaux en bon état et remplis, celui-ci de vin, celui-là de miel, un troisième de lait et beaucoup d’autres remplis d’autres liqueurs, toutes rares et coûteuses et acquises au prix de mille peines et de difficultés ; mais une fois ses tonneaux remplis, notre homme n’y verserait plus rien, ne s’en inquiéterait plus et serait tranquille à cet égard. L’autre aurait, comme le premier, des liqueurs qu’il pourrait se procurer, quoique avec peine, mais n’ayant que des tonneaux percés et fêlés, il serait forcé de les remplir jour et nuit sans relâche, sous peine des plus grand ennuis. Si tu admets que les deux vies sont pareilles au cas de ces deux hommes, est-ce que tu soutiendras que la vie de l’homme déréglé est plus heureuse que celle de l’homme réglé ? Mon allégorie t’amène-t-elle à reconnaître que la vie réglée vaut mieux que la vie déréglée, ou n’es-tu pas convaincu ? »

 

Platon – Gorgias

 

« (…) attaquer les passions à la racine, c’est attaquer la vie à la racine : la pratique de l’Eglise est hostile à la vie…

Le même moyen, couper, arracher, est instinctivement choisi, dans la lutte contre un désir, par ceux qui sont trop faibles de volonté, trop dégénérés pour garder la mesure dans la satisfaction de ce désir : par ces natures qui ont besoin de la trappe, au sens figuré (et au sens propre…), d’une déclaration de guerre à outrance, de mettre un abîmeentre eux et une passion. Il faut être dégénéré pour avoir recours aux solutions radicales ; la faiblesse de la volonté, plus exactement l’incapacité à s’empêcher de réagir à une sollicitation, n’est elle-même qu’une forme de dégénérescence. L’hostilité radicale, à mort, envers la sensualité est un symptôme qui laisse songeur : il justifie qu’on s’interroge sur l’état général d’un être porté à ce point à l’excès. »

 

Nietzsche – Crépuscule des idoles( §1 et 2)

 

Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux. En effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l'objet même ; rien n'embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu'on voit ; l'imagination ne pare plus rien de ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité, et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas. […]    

Vivre sans peine n'est pas un état d'homme ; vivre ainsi c'est être mort. Celui qui pourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir de désirer ; toute autre privation serait plus supportable. 


Jean-Jacques Rousseau – La Nouvelle Héloïse

 

 

C’est un fait indiscutable que ceux qui connaissent également deux manières de vivre et qui sont également capables de les apprécier et d’en jouir donnent une préférence marquée pour celle qui emploie leurs facultés supérieures. Peu de créatures humaines consentiraient à être transformées en l’un des animaux les plus vils parce qu’on leur promettrait de leur allouer les plaisirs des bêtes ; aucun être humain intelligent ne consentirait à devenir imbécile, aucune personne instruite à devenir ignorante, aucune personne de cœur ou de conscience à devenir égoïste et vile, même s’ils étaient convaincus que l’imbécile, l’ignorant et le vaurien sont plus satisfaits de leur lot qu’eux du leur. Ils ne voudraient pas renoncer pas à ce qu’ils possèdent de plus qu’eux pour la plus complète satisfaction de tous les désirs qu’ils ont en commun avec eux. Si jamais ils imaginent qu’ils le voudraient, c’est seulement dans les situations de malheur si extrêmes que, pour y échapper, ils échangeraient leur lot contre n’importe lequel, même s’il leur paraît indésirable. Un être qui a des capacités supérieures exige plus qu’un être d’un type inférieur pour être heureux, il est probablement capable de souffrir de façon plus aiguë et il est certainement vulnérable sur plus de points. Mais, en dépit de ce handicap, jamais il ne saurait réellement souhaiter tomber dans ce qu’il sent être un degré plus bas d’existence. Nous pouvons bien donner à cette réticence l’explication que nous voulons ; nous pouvons l’attribuer à l’orgueil, nom qui est donné sans distinction à certains des plus estimables sentiments – et des moins estimables – dont l’humanité est capable ; nous pouvons la ramener à l’amour de la liberté et de l’indépendance personnelle auquel les stoïciens faisaient appel comme à l’un des moyens les plus efficaces pour inculquer cette réticence ; à l’amour du pouvoir ou des sensations fortes (excitement) qui entrent tous les deux pour une part dans cette réticence ou y contribuent. Mais l’appellation la plus appropriée, c’est le sens de la dignité que tous les êtres humains possèdent sous une forme ou sous une autre et que certains possèdent – mais le rapport n’est pas toujours rigoureux – à proportion de leurs facultés supérieures, sens qui est une part si essentielle du bonheur chez ceux chez qui il est intense que rien de ce qui s’y oppose ne pourrait autrement que de façon momentanée  être pour eux un objet de désir. Quiconque suppose que cette préférence est un sacrifice du bonheur, que l’être supérieur, dans des circonstances identiques, n’est pas plus heureux que l’être inférieur, confond deux idées très différentes, l’idée de bonheur (happiness) et l’idée de satisfaction (content). Indiscutablement, l’être dont les capacités de jouissance sont d’un niveau inférieur a les plus grandes chances de les voir pleinement satisfaites tandis qu’un être supérieurement doué sentira toujours que le bonheur qu’il recherche, vu la façon dont le monde est constitué, est imparfait. Mais il peut apprendre à supporter ces imperfections, pour peu qu’elles soient supportables et il ne sera pas jaloux d’un être qui, à vrai dire, est inconscient des imperfections parce qu’il ne sent pas tout le bien qu’elles donnent. Il vaut mieux être un homme insatisfait qu’un porc satisfait, il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait. Et, si l’imbécile et le porc sont d’opinions différentes, c’est seulement parce qu’ils ne connaissent qu’un côté de la question. L’autre partie, pour la comparaison, connaît les deux côtés.

 

John Stuart Mill – L’utilitarisme


 

 « Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris d’une manière absolue et isolée rendrait toute société impossible. Nous en avons la preuve dans les conséquences très directes qu’a tirées de ce principe un philosophe allemand [il s’agit de Kant bien sûr] qui va jusqu’à prétendre qu’envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu’ils poursuivent n’est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime. (…). Je prends pour exemple le principe moral que je viens de citer, que dire la vérité est un devoir. Ce principe isolé est inapplicable. Il détruirait la société. Mais si vous le rejetez, la société n’en sera pas moins détruite, car toutes les bases de la morale seront renversées. Il faut donc chercher le moyen d’application, et pour cet effet, il faut, comme nous venons de le dire, définir le principe. Dire la vérité est un devoir. Qu’est-ce qu’un devoir ? L’idée de devoir est inséparable de celle de droits un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d’un autre. Là où il n’y a pas de droits, il n’y a pas de devoirs. Dire la vérité n’est donc un devoir qu’envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n’a droit à la vérité qui nuit à autrui. Voilà, ce me semble, le principe devenu applicable. En le définissant, nous avons découvert le lien qui l’unissait à un autre principe, et la réunion des deux principes nous a fourni la solution à la difficulté qui nous arrêtait. »

 

 

Benjamin Constant – Des réactions politiques, III

 

« Le fondement de la critique irréligieuse est : c’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. C’est-à-dire que la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu’a l’homme qui ne s’est pas encore atteint lui-même, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme, ce n’est pas une essence abstraite blottie quelque part hors du monde. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’Etat, la société. Cet Etat, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu’ils sont eux-mêmes un monde à l’envers.La religion est la théorie universelle de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, le fondement universel de sa consolation et de sa justification. Elle est la réalisation fantasmagorique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine ne possède pas de réalité véritable. Lutter contre la religion, c’est donc indirectement lutter contre le monde dont la religion est l’arômespirituel.

La détresse religieuse est, pour une part, l’expressionde la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, la chaleur d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opiumdu peuple.

Abolir la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est exiger son bonheur réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l’auréole.

La critique a dépouillé les chaînes des fleurs imaginaires qui les recouvraient, non pour que l’homme porte des chaînes sans fantaisie, désespérantes, mais pour qu’il rejette les chaînes et cueille la fleur vivante. La critique de la religion détruit les illusions de l’homme pour qu’il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme désillusionné parvenu à l’âge de la raison, pour qu’il gravite autour de lui-même, c'est-à-dire de son soleil réel. La religion n’est que le soleil illusoire qui gravite autour de l’homme tant que l’homme ne gravite pas autour de lui-même.

C’est donc la tâche de l’histoire, après la disparition de l’Au-delà de la vérité, d’établir la vérité de ce monde-ci. C’est en premier lieu la tâche de la philosophie, qui est au service de l’histoire, une fois démasquée la forme sacrée de l’auto-aliénation de l’homme, de démasquer l’auto-aliénation dans ses formes non sacrées. La critique du ciel se transforme par là en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique.

 

Marx – Critique du droit politique hégélien

 

 

« Le gouvernement arbitraire d'un prince juste et éclairé est toujours mauvais. Ses vertus sont la plus dangeureuse et la plus sûre des séductions : elles accoutument insensiblement un peuple à aimer, à respecter, à servir son successeur, quel qu'il soit, méchant et stupide. Il enlève au peuple le droit de délibérer, de vouloir ou ne vouloir pas, de s'opposer même à sa volonté, lorsqu'il ordonne le bien ; cependant ce droit d'opposition, tout insensé qu'il est, est sacré: sans quoi les sujets ressemblent à un troupeau dont on méprise la réclamation, sous prétexte qu'on le conduit dans de gras pâturages. En gouvernant selon son bon plaisir, le tyran commet le plus grand des forfaits. Qu'est-ce qui caractérise le despote ? Est-ce la bonté ou la méchanceté ? Nullement. Ces deux notions n'entrent seulement pas dans sa définition. C'est l'étendue et non l'usage de l'autorité qu'il s'arroge. Un des plus grands malheurs qui pût arriver à une nation, ce seraient deux ou trois règnes d'une puissance juste, douce, éclairée, mais arbitraire : les peuples seraient conduits par le bonheur à l'oubli complet de leurs privilèges, au plus parfait esclavage. »

 

Diderot – Lettre à Helvétius

 

 

 

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 15:52

Vendredi 05 septembre.

Présentation du programme, de la discipline, du travail sur l'année.

DS1 : Faut-il préférer le bonheur à la vérité ? Problématisatin.

DST1 : le 10 Octobre.

 

Lundi 08 Septembre

Faut-il préférer le bonheur à la vérité? Problématisation, suite.

 

Vendredi 12 Septembre.

Problématisation suite et fin.

Analyse du sujet.

Elaboration du plan.

 

Lundi 15 Septembre.

Elaboration du plan. Suite. Les parties. Les transitions.

 

Vendredi 19 Septembre.

Elaboration du plan, suite. Les transitions. Les sous-parties.

Pour le vendredi 26 septembre. Rédiger la transition entre le II et le III et une sous-partie. 

 

Lundi 22 Septembre.

Introduction. Conclusion.

 

Vendredi 26 Septembre.

I. Le bonheur est la fin ultime de l'existence.

I.A. Le bonheur comme Souverain Bien. Aristote, Ethique à nicomaque. p.413

I.B. Bonheur et liberté. Platon - Gorgias, texte distribué.

II. Le bonheur est-il une illusion?

II.A. Un état de satisfaction totale. Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, p.80.

 

Lundi 29 Septembre.

II.A. Suite et fin.

II.B. Bonheur et illusion : le bonheur comme illusion aliénante. Diderot, Lettre à Helvétius, Marx, Critique du droit politique hégelien, Kant, Réflexions sur l'éducation.

 

Vendredi 03 Octobre.

II.B. Suite et fin.

II.C. Un état de satisfaction durable. Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, p.418.

III. Bonheur et éthique.

 

Lundi 06 Octobre.

III. A. L'épicurisme. Epicure, Lettre à Ménécée, p.424.

III.B. Le stoïcisme. Epictète, Le manuel, p.414/384

 

Vendredi 10 Octobre.

- DS1.

 

Lundi 13 Octobre.

- Préparation du DST2. Explication d'un texte de Rousseau sur le désir et méthodologie de l'explication.

 

Vendredi 17 Octobre.

- Explication, suite. Explication linéaire du texte.

 

Lundi 03 novembre.

- Correction du DS1.

- DS2 - explication linéaire du texte. Suite.

 

Vendredi 07 Novembre.

- DST2 - le 14 novembre.

- Explication du texte, suite et fin.

- La liberté peut-elle être un fardeau? Analyse, problématisation.

 

Lundi 10 Novembre.

La liberté peut-elle être un fardeau? Analyse et problématisation, suite et fin.

I. La liberté ne peut pas être un fardeau car elle en est par définition le contraire.

I.A. D'un point de vue logique. Montesquieu, Esprit des lois.

I.B. D'un point de vue pratique. Arendt, Qu'est-ce que la liberté? Platon, Gorgias.

 

Vendredi 14 Novembre.

DST2

 

Lundi 17 Novembre.

I.B. Suite et fin.

I.C. Du point de vue moral. Kant, Critique de la raison pure. Bergson, L'évolution créatrice.

 

Lundi 1er décembre.

I.C. Suite et fin.

Correction du DS2

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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 21:57

Jeudi 04 septembre.

- Présentation de la discipline, du programme et du travail sur l'année.

- DS 1 : Toute vérité est-elle bonne à dire? Problématisation.

- DST 1 : mardi 23 septembre.

 

Vendredi 05 septembre.

Toute vérité est-elle bonne à dire? Problématisation, suite.

 

Lundi 08 Septembre.

- Toute vérité est-elle bonne à dire? Problématisation, suite et fin.

- Elaboration du plan. Parties. Transitions.

 

Mardi 09 Septembre.

- Pour jeudi 11 Septembre. Lire le texte de l'allégorie de la caverne, Platon, La République, p.300 du manuel. Apporter le manuel. 

- Pour vendredi 12 Septembre. Rédiger la transition I-II, ou II-III.

- Elaboration du plan, suite. Les sous-parties.

 

Jeudi 11 Septembre.

- Elaboration d'une sous-partie, suite.

- Lecture et explication de l'allégorie de la caverne, p.300. - Pour le jeudi 18 Septembre. Rédiger une sous-partie.

 

Vendredi 12 Septembre.

- Elaboration du plan d'une partie : ordonner les sous-parties et construire les transitions.

- Introduction, conclusion.

- Travail facultatif avant la fin de la semaine prochaine : rédiger le plan détaillé du devoir.

 

Lundi 15 Septembre

- introduction suite et fin.

- La vérité.

- I. Sincérité et vie en société. Pascal, Pensées.

- II. Vérité et vertu. Kant - Fondements de la métaphysique des moeurs, Critique de la raison pratique.

 

Mardi 16 Septembre.

- II. Suite.

- III. Vérité, justice et instinct de conservation. Nietzsche, Le livre du philosophe.

 

Jeudi 18 Septembre.

- III. Suite et fin.

- IV. Vérité et images. Proust, Le temps retrouvé. Bergson, La pensée et le mouvant. Antelme, L'espèce humaine.

 

Vendredi 19 Septembre.

- IV. Suite et fin. Freud, L'interprétation des rêves.

- Travail sur le plan détaillé.

 

Lundi 22 Septembre.

- DST 1

 

Mardi 23 Septembre.

- Explication de texte, DST2 Nietzsche, Humain trop humain..

 

Jeudi 25 septembre.

- Explication, suite.

 

Vendredi 26 Septembre.

- Explication, suite.

 

Lundi 29 Septembre.

- Explication, suite et fin.

- Travail sur la partie critique. 

 

Mardi 30 Septembre.

- Correction du DST1.

 

Jeudi 02 octobre.

- DST 2 le lundi 13 octobre.

- Pour le 06 octobre. Lire les textes distribués pour la partie critique et répondre aux questions suivantes : quelle est la thèse de ces textes? à quel passage du texte de Nietzsche peuvent-ils se rapporter? comment peut-on les utiliser : vont-ils aller dans le sens de la thèse de Nietzsche ou pas?

- Suite de l'explication de texte : rédaction de deux sous-parties.

 

Vendredi 03 Octobre.

- Suite de l'explication de texte. Rédaction de la partie critique. Introduction. Conclusion.

- début du cours : Pourquoi faire son devoir? Analyse et problématisation.

 

Lundi 06 octobre.

- Travail sur les textes distribués pour la partie critique.

- Pourquoi faire son devoir? Analyse et problématisation, suite et fin.

- I. On fait son devoir par intérêt.

- I.A. Bénéfice direct: éviter la sanction. Sanction pénale : Pascal, Pensées, p.343. Sanction sociale : Sartre, L'être et le néant, p.65

 

Mardi 07 Octobre.

- I.A. Suite et fin.

- I.B. Un bénéfice indirect.

 

Jeudi 09 Octobre.

- I.B. Suite et fin. Platon, République, Smith, p.332, Kant p.324.

- I.C. Le contrat social.

 

Vendredi 10 octobre.

- I.C. Suite et fin.

- Transition I/II.

- II. On fait son devoir par devoir, et pas par intérêt : le devoir se doit d'être désintéressé, est une fin en soi.

- II.A. La logique de l'intérêt n'est pas la logique du devoir.

 

Lundi 13 octobre.

- DST2.

 

Mardi 14 Octobre.

- II.A. Mill, L'utilitarisme; Rousseau, Contrat Social, I,8.

- II.B. Le devoir est une fin en soi qui est par définition désintéressé.  Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs

- III. On fait son devoir au nom de notre humanité.

- III.A. L'humanité de l'autre.

 

Jeudi 16 Octobre.

- III.A. Suite et fin. Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Lévinas, L'humanisme de l'autre homme.

- III.B. L'humanité que je porte. Sartre, L'existentialisme est un humanisme, Jonas, Le principe responsabilité.

 

Vendredi 17 Octobre.

- III.C. Au nom de notre liberté. Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs. Rousseau, Contrat social, I, 8.

Conclusion.

Peut-on se mettre à la place d'autrui? Analyse et problématisation.

 

Lundi 03 Novembre.

-Correction du DS2.

- DS3 le 1er décembre.

- Introduction.

- I. On peut se mettre à la place d'autrui parce qu'on est capable de le comprendre parce que nous partageons une même nature humaine.

  I.A. La pitié, l'empathie est un sentiment naturel qui consiste précisément à se mettre à la place d'autrui. Rousseau, Second discours. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie.

I.B. Nous appartenons, avec l'autre, à une même communauté, nous avons avec lui une proximité qui nous permet de comprendre l'autre. Se mettre à la place d'autrui est un devoir, condition de la morale. Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs.

Mardi 04 Novembre.

I.B. Suite et fin.

I.C. Je peux même d'une certaine manière comprendre autrui mieux qu'il ne peut se comprendre : Freud, Sartre, Ricoeur.

II. Mais on ne peut pas se mettre à la place d'autrui car même si on le comprend on n'est pas autrui et donc il est impossible de vivre ce qu'il vit exactement comme il l'expérimente.    

II.A. Le langage nous permet de comprendre l'autre mais pas de partager sa subjectivité car c'est un outil trop général. Bergson, Le rire.

 

Jeudi 06 Novembre.

II.A. Suite et fin.

II.B. Donc on reste à l'extérieur de sa subjectivité qui fait son identité, on n'a d'autrui qu'une connaissance par analogie qui est extérieure et ne nous permet justement pas de nous mettre à la place de l'autre c'est-à-dire dans sa subjectivité. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception. Hume. Car notre identité n'est pas une substance. Locke - identité personnelle se situe dans la conscience.  Il est difficile de connaître quelqu'un, de le comprendre car il y a une part d'irrationnalité dans ce que nous sommes. Freud 

II.C. Cette difficulté est d'autant plus nette si nous sommes tenus à distance d'autrui par des différences culturelles qui nous opposent. Levi-Strauss, Race et histoire.  

 

Vendredi 07 Novembre.

II.C. Suite et fin.

III. Mais on peut se mettre à la place d'autrui grâce à des outils spécifiques, des modes de communications particuliers qui nous permettent de prendre connaissance de l'autre et de réduire la distance qui nous sépare.  

 III.A. La différence culturelle peut être dépassée grâce à la connaissance, à l'ouverture aux autres cultures par l'éthnologie par exemple. Lévi-Strauss, Tristes tropiques.

Conclusion générale.

La question "qui suis-je" admet-elle une réponse exacte? Problématisation.

 

Lundi 10 Novembre.

- Explication du texte de Lévinas - L'humanisme de l'autre homme. Pour le 17 novembre, rédiger l'explication de la première partie (l1-12), + intro + éléments critiques.

 

Jeudi 13 Novembre.

- Eplication du texte de Lévinas. Suite et fin.

- Cours sur la conscience. Analyse et problématisation, suite et fin.

 

Vendredi 14 Novembre.

- I. La question "qui suis-je?" admet une réponse exacte : je sais exactement qui je suis - moi!

- I.A. Je peux répondre à la question "qui suis-je?" de manière exacte, certaine grâce à la conscience immédiate que j'ai de moi. Locke, Essai sur l'entendement humain, p.21, Bergson, La conscience et la vie.

Lundi 17 Novembre.

- I.A. Suite et fin.

I.B. Conscience réflexive de soi et substance du sujet. Textes de Descartes, pp. 24 et 25 du manuel.

I.C. Identité et intimité. Texte de Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (distribué).

II.A. Un "moi" illusoire? Texte de Hume, p.29 du manuel.

Mardi 18 novembre.

II.A. suite et fin.
II.B. La conscience comme "grand vent". Texte de Sartre, p. 16 du manuel.

 

Jeudi 20 Novembre.

II.C. La conscience déterminée? Texte de Marx distribué.

 

Mardi 25 Novembre.

- II.C. Suite.

 

Jeudi 27 Novembre.

- II.C. Suite et fin.

- II.D. Conscience et inconscient.

 

Lundi 01er décembre.

- DS3

 

Mardi 02 Décembre.

- II.D. Suite.

 

Jeudi 04 Décembre.

- II.D. Suite et fin.

- III. La question qui suis-je? admet une réponse exacte car on peut dire quelle est notre identité.

- III.A. Identité et action.



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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 13:15

Jeudi 04 Septembre
- présentation du programme, du travail sur l'année, de la discipline.
- DS1 : suis-je le mieux placé pour savoir qui je suis? Problematisation.
- DS1 le 02 octobre.

 

Lundi 08 Septembre

- Travail sur la dissertation et le sujet du DS1, suite. Problématisation et analyse des termes du sujet. Elaboration du plan (grandes parties).

 

Jeudi 11 Septembre

- Travail sur la dissertation et le sujet du DS1. Elaboration du plan : les transitions.

- Pour le lundi 15 Septembre : Rédiger la transition soit entre le II et le III, soit entre le I et le II. Apporter le manuel. 

 

Lundi 15 Septembre

- Pour le 18 Septembre : rédiger le plan du devoir : idée de chaque sous-partie et transitions.

- Travail sur les sous-parties.

 

Jeudi 18 Septembre

- Travail sur les sous-parties à partir du texte de Merleau-Ponty.

- Pour le Jeudi 25 Septembre : Rédiger une sous-partie du devoir.

- DST repoussé au 09/10

- L'introduction.

 

Lundi 22 Septembre.

- L'introduction. Suite et fin.

- La conclusion.

- Début du cours sur le sujet, la conscience et l'inconscient.

- I. La conscience immédiate de soi.

- I.A. La conscience est la certitude que j'ai de moi. C'est le lieu de l'identité personnelle. Locke - Essai sur l'entendement humain. p. 21.

 

Jeudi 25 Septembre.

- I.B. Conscience, mémoire et anticipation. Bergson, La conscience et la vie.

- II. La conscience réflexive.

- II.A. "Je pense donc je suis". Descartes, Méditations métaphysiques, p.99. 

- II.B. La conscience comme intentionnalité. Sartre, L'être et le néant, P.65; Situation I, p.29

 

Lundi 29 Septembre.

- II.B. Suite et fin.

- II.C. Conscience théorique et conscience pratique. Hegel, Esthétique, p.25.

- III. Une conscience illusoire de soi.

 

Jeudi 02 Octoçbre.

- III. Une conscience de soi.

- III.A. Conscience et corps. Ainsi parlait Zarathoustra, texte de Nietzsche distribué.

- III.B. Conscience et déterminisme naturel. Spinoza, Lettre à Schuller, p.387 ; Ethique, I, Appendice.

- III.C. Conscience et matérialisme historique.  Marx/Engels, L'idéologie allemande, texte distribué.

- IV. Conscience et inconscient.

- IV.A. Une hypothèse nécessaire et légitime. Freud, Métapsychologie, p.52.

Apporter le manuel lundi.

 

Lundi 06 Octobre.

- IV. A. Suite et fin.

- IV. B. La psychanalyse est d'abord une théorie du sujet.

- IV. C. La psychanalyse est une pratique.

 

Jeudi 09 Octobre.

- DST1.

 

Lundi 13 octobre.

- DST2. Préparation de l'explication d'un texte de Sartre sur le travail et méthodologie de l'explication.

 

Jeudi 16 octobre.

- DST2 le jeudi 10 novembre.

- Travail préparatoire de l'explication. Suite.

- Cours sur le travail. 1. Le travail est l'activité nécessaire à la vie. (Platon, Théétète). 2. Le travail est une activité pénible (Bible, La genèse).

 

Lundi 03 Novembre.

- Correction du DS1.

- 3. Le travail est une activité salariée (Marx, Le Capital).

 

Jeudi 06 Novembre.

- 3. Suite et fin?

- 4. Le travail come activité productrice d'oeuvre. Hegel - Esthétique. Phénoménologie de l'esprit (dialectique du maître et de l'esclave).

- 5. Le travail comme effort nécessaire à la culture. Kant, Réflexions sur l'éducation, Idée d'une histoire universelle.

- 6. Le travail comme lieu de socialisation.

- La culture. Introduction générale.

- A. Nature/culture.

 

Lundi 10 Novembre.

- A. Suite et fin.

- B. Culture et nature de l'homme.

- C. Culture et cultures.

- DM N°1 : pour le 08 janvier 2015.

- Pour le 24/11 : acheter et lire La crise de la culture d'H.Arendt (éd. Folio) - Lire la première partie.

- L'art nous détourne-t-il du réel? Problématisation et introduction.

 

Jeudi 13 Novembre.

- DST n°2.

 

Lundi 17 Novembre.

I.L'art nous détourne du réel en tant qu'oeuvre de l'imagination.

A. Un monde à part.  

L'art nous détourne du réel d'abord parce qu'il nous emmène dans un univers imaginaire qui constitue une entité homogène, cohérente, dotée de sa logique propre. l'imagination ne produit pas seulement des images mais un imaginaire comme un ensemble d'images constitué en un tout unifié et cohérent, qui nous écarte, nous éloigne du réel, de ses lois contraignantes et pesantes, de son ennuyeuse banalité. c'est le divertissement qui, s'il n'est pas la finalité de l'art, peut en être l'un des effets. l'art fait diversion par rapport à notre quotidien. Références possibles : Spinoza, Ethique (l'imaginaire comme ayant une logique propre, les effets de réel), Rousseau, Nouvelle Héloïse, Pascal, Pensées sur le pouvoir de l'imagination et l'importance du divertissement.

Jeudi 20 Novembre.

- Correction du DS2.

- I.A. Suite et fin.

- I.B. L'art est une représentation déformée de la réalité.

En nous éloignant ainsi du réel, l'art nous en fournit une représentation qui nous en détourne au sens cette représentation déforme, transfigure ou défigure, sublime ou pervertit la réalité qu'elle représente. La copie du réel que propose l'art est une copie déformée et c'est en cela qu'il nous éloigne aussi du réel. Références possibles : Platon, La république, X (limitation come copie de copie), Aristote, La Poétique (la catharsis, le cadavre, voir « Une charogne » de Baudelaire), voir les courants réalistes en littérature par exemple (dont la représentation de la réalité nest jamais absolument conforme).

 

Jeudi 27 Novembre.

- I.B. Suite et fin.

- I.C. L'art offre une représentation déformée de la nature et de la réalité car son but n'est pas d'en offrir une copie conforme. Hegel, Esthétique.

 

Lundi 01 Décembre.

- I.C. Suite et fin.

- II. L'art ne nous détourne pas du réel car il y appartient.

- II.A. L'art est un objet technique, une oeuvre, fruit d'un travail. Hegel, Esthétique.

- II.B. L'art est une réalité historique. Hegel, Leçons sur la philosophie de l'histoire.

 

Jeudi 04 Décembre.

- II.B. Suite et fin.

- II.C. L'art est une réalité sociale. Marx et Engels, L'idéologie allemande. Bourdieu, La distinction.

 

Lundi 08 Décembre.

- II.C. Suite et fin.

- III. L'art ne nous détourne pas de la réalité car au contraire il nous la révèle.

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 09:12

I. On doit tout attendre de l'Etat car sans lui nous ne sommes rien.

 

I.A. L'Etat assure la sécurité. Hobbes, Leviathan, p.353, Weber, Le savant et le politique, p.358.

I.B. On doit aussi attendre de l'Etat qu'il assure cet autre bien fondamental qu'est la liberté. Rousseau, Contrat social, p.368. 

I.C. Donc on doit tout attendre de l'Etat car nous lui sommes totalement aliénés.

 

II. On ne doit pas tout attendre de l'Etat car c'est notre devoir de citoyen de rester actif et vigilant face à l'Etat.

 

II.A. Devoir de contrôle et de vigilance des citoyens face à l'Etat pour s'assurer qu'il ne dérive pas. Voir le cours sur le droit. Rosanvallon, La contre-démocratie, Diderot, La Lettre à Helvétius, Spinoza, Traité théologico-politique (p.360). Voir aussi la question de la désobéissance civile.

 

II.B. Car il existe un horizon de justice au-delà du droit. Il existe un idéal de justice en dehors du droit auquel l'individu doit se référer pour évaluer et juger l'action et la politique de son pays. Léo Strauss, Droit naturel et histoire.

 

II.C. Finalement, le citoyen doit rester méfiant face à l'Etat : il ne doit pas tout en attendre, c'est-à-dire lui faire confiance et se placer sous sa dépendance. Engels, L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat.

 

III. On ne doit pas tout attendre de l'Etat, car l'Etat n'a pas le devoir de s'occuper de tout et il n'en a pas non plus le pouvoir.

 

III.A. Le droit est une régulation extérieure. Kant, Doctrine du droit. Constant, De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes. Hegel, La raison dans l'histoire (impuissance de l'Etat face au cours des évènements qui échappe aux hommes).

 

III.B. En tant qu'état de droit, dans une démocratie, l'Etat a le devoir de s'assurer que nous sommes libres, c'est-à-dire de fournir une base sur laquelle les individus peuvent exercer leur liberté. L'Etat fournit une base nécessaire mais pas suffisante et ne doit fournir que cela pour être démocratique. Weil, Philosophie politique.

 

III.C. Le refus d'un pouvoir paternaliste. Rousseau, Contrat social. Kant, Théorie et pratique. Aristote, Les politiques.

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